Il n’est pas dans mes habitudes de faire des posts au sujet des nouvelles cartes de ma papeterie. Mais cette dernière est particulière et a mis un certain temps à apparaître sous mes coups de crayon.
En effet voilà plus d’un an qu’on me demande une carte de condoléances.
J’ai d’abord pensé: « bien sûr, c’est évident je dois en faire une tout de suite ».
Et puis les jours ont passé et j’ai fait quelques pas en arrière… J’étais bien évidemment convaincue de l’importance de cette carte. Mais je n’avais aucune idée de comment l’aborder… En regardant autour de moi les cartes de condoléances, j’étais attristée. Je les trouvais dures, infiniment tristes, et parfois violentes. Comme le décès d’un proche me direz-vous?! Et vous aurez sans doute raison de me faire cette remarque.
Mais quelque chose au fond de moi m’empêchait de penser une carte de condoléances sous cette angle là.
Pourquoi?! Je n’en savais absolument rien et c’est sans doute pour cela qu’elle a mis si longtemps à apparaitre. J’ai continué à y penser pendant plusieurs mois, sans trouver de véritable solution. Pour dire vrai je repoussais sans doute l’échéance. En voilà un sujet lourd et triste à aborder…
Un jour lors d’un événement où j’étais amenée à vous croiser et à échanger avec vous. Une dame vient à me rencontre, m’approche et me dit d’une petite voix: « j’ai reçu un de vos faire-part, vous transmettez de la douceur au travers de vos dessins. » Je suis restée sans voix, cette petite phrase à laquelle je ne m’attendais pas, déposée là avec délicatesse m’a profondément touchée.
Et si, effectivement, le but de mon travail de création, d’illustration n’était pas de passer de la douceur?!
Je suis rentrée chez moi avec la sensation qu’une parfaite inconnue avait cernée mon travail mieux que moi-même.
Quand je me suis remise sur le thème de cette carte. Je me suis accrochée aussi fort que possible à cette phrase. Plus que pour toute autre création, l’idée majeur pour une carte de condoléances était de transmettre de la douceur, la perte d’un être aimé est déjà bien assez difficile et violente, inutile d’en rajouter. Je voulais alors dessiner une carte qui offrirait, soutien, bienveillance, présence, compréhension, et surtout qui laisse entrevoir une reconstruction. Je souhaitais apporter dans cette carte une petite touche d’espoir.
C’est en travaillant sur un thème floral que j’ai réussi à aborder le sujet du deuil, ce parcours qui part d’une profonde douleur pour petit à petit évoluer vers une reconstruction.
Cette carte est conçue d’une association entre typographie et dessin. Le mot «Condoléances» accompagne l’arbuste.
Si on regarde cette plante dans le sens de la lecture, c’est à dire de gauche à droite, elle semble être, au départ, en mauvaise état, les feuilles et les fleurs sont inexistantes et les quelques branches donnent une sensation de fragilité. Au fur et à mesure du mot, l’arbuste s’étoffe, les feuilles apparaissent puis les fleurs. Les branches grandissent alors pour enfin repartir vers le haut avec robustesse et élégance.
En plus de la reconstruction après un décès, l’idée au travers de cette carte était de faire part de son soutien, le mot accompagne le dessin comme si sa présence aidait à la re-floraison.
Je fais partie de ceux qui sont intimement persuadés que le dessin commence là ou s’arrêtent les mots, comme pour prendre le relais et évoquer toutes ces choses impalpables. J’espère, au travers de cette carte, être parvenue à en dire plus que ces quelques mots…